Rencontre avec Pierre Gautron, à l’initiative du fonds de dotation EASIER Studies
Pourriez vous vous présenter vous et votre entreprise en quelques mots ?
Je suis Pierre Gautron, diplômé de l’ESB (61e ). J’ai toujours évolué dans l’univers du Bois. En parallèle de ma 3e année à l’ESB, j’ai suivi un DEA (Diplôme d’études approfondi) Génie des systèmes industriels et de distribution de l’Ecole centrale de Paris.
J’ai commencé dans le groupe Pinault, exercé différentes fonctions, jusqu’à racheter ISB, que j’ai finalement cédé pour conserver la société James, que je dirige actuellement.
La société James, est une société de construction en lamelle/collé pour des bâtiments industriels, agricoles et équestres qui compte un peu plus de 100 salariés. Je dirige également une société d’ossature-bois spécialisée dans la rénovation individuelle. Enfin, je gère d’autres investissements pour accompagner des porteurs de projet.
Comme est née cette idée de fonds de dotation, EASIER Studies pour les élèves de l’ESB ?
Avec Marc Meunier, président du groupe ISB nous avons décidé il y a deux ans de lancer un fonds pour aider les jeunes dans le cadre de leurs études. L’attachement au matériau bois nous a mené naturellement vers l’ESB pour la création de le fonds de dotation EASIER Studies.
Ce fonds c’est aussi un message global vers les jeunes. Les entreprises de la filière bois, mais aussi d’autres filières, conscientes des opportunités qu’offre ce matériau, souhaitent accompagner les jeunes et leur montrer que la filière les attend !
Les entreprises ont besoin de talents. Il ne s’agit pas uniquement de les recruter, mais bien de les accompagner durant leur scolarité.
Un fonds de dotation c’est aussi un outil dont une école doit disposer pour aider ses élèves.
Après une phase de structuration avec les mécènes « historiques » pour un apport de fonds sérieux, nous venons d’entamer une 2e étape. Elle consiste à structurer et faire grandir le fonds de dotation avec des ambassadeurs, et en intégrant l’AIESB.
Dans le bois, on est sûr de grandir ! Et il est du devoir des entreprises de donner envie aux jeunes et de les accompagner en cas de difficultés, notamment financières, pour les recruter durablement.
Le démarrage d’EASIER Studies est positif en termes de moyens. On a pu aider 43 jeunes sur ces deux dernières années, soit près de 10 % des effectifs ESB. Ce n’est pas négligeable pour quelque chose qui n’existait pas il y a deux ans.
Vous avez par ailleurs d’autres engagements sociétaux et environnementaux. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Il y a un peu plus de 5 ans, j’ai lancé le fonds « Un toit un espoir » avec l’hôpital de Nantes, pour faciliter le quotidien des parents qui ont un enfant atteint d’une maladie longue. Nous mettons à disposition des familles des logements sur le long terme, à plus de 3 mois, en complément des maisons familiales.
Nous disposons actuellement de 2 appartements, bientôt 3, qui en 5 ans ont accueilli 19 familles. Au départ centré sur l’oncologie pédiatrique, le fonds souhaite accompagner des familles touchées par d’autres maladies, comme les maladies du cœur, les maladies de peau et les maladies auto-immunes d’où l’acquisition d’un 3e appartement.
Nous projetons de déployer ce dispositif à Bordeaux.
Par ailleurs, avec PG Investissement et James, pour accueillir des élèves en alternance et faciliter leur installation près de l’entreprise, nous avons acheté un appartement. Nos alternants bénéficient ainsi d’un logement à prix très attractif.
La dimension sociétale, comme le bien-être au travail, mais aussi la dimension environnementale sont très importantes. Ainsi, d’ici deux ans, nous visons la neutralité énergétique, nous serons en mesure de produire l’énergie que nous consommons.
J’ai la conviction que la société, dans le sens l’entreprise, est l’un des derniers exemples de vie en commun « positive ». Et c’est ce à quoi je m’attèle chaque jour, et cela n’atteint en rien la performance.
Revenons à EASIER Studies, quelles sont les prochaines étapes ? Quelle vision pour demain ?
Ce que nous avons amorcé avec EASIER Studies n’est qu’un début. Je ne suis pas quelqu’un qu’on arrête facilement ! Mon objectif est d’aider à construire dans la durée et d’engager ce fonds sur du long terme. Nous avons plein d’enjeux pour demain :
- Accompagner l’évolution de l’école en termes d’accroissement d’élèves, et l’installation des Bachelor dans d’autres villes,
- Diffuser le message sur l’ensemble du territoire grâce à des ambassadeurs et le réseau des anciens de l’école, parce que les entreprises de la filière sont partout en France.
Avec mon expérience dans le Mécénat, je sais que tout fonds nait d’hommes et de femmes, il faut l’incarner. Il y a des étapes au moment de la création d’un fonds de dotation, par lesquelles il faut passer : essayer, se tromper et comprendre ses erreurs.
Une fois que le modèle est maitrisé, on peut aller élargir le champ des mécènes et des cibles, parce qu’on sait de quoi on parle, on est crédible. La volonté ne suffit pas, l’expérience fait du bien.
Notre objectif aujourd’hui est de disposer d’un maximum de moyens pour mener un maximum d’actions à impact.
Le mécénat, sans aucune contrepartie ce n’est pas toujours facile à défendre. Il nous faut du temps, mais aussi des personnes avec une aura différente et efficace pour trouver des acteurs pour compléter ce réseau de mécènes, avec une volonté créative et disruptive des choses.
Ce qu’on souhaite aujourd’hui c’est accompagner sur la question du logement. Et aussi proposer des outils aux jeunes pour les aider à optimiser les dépenses. Les inciter à prendre en main l’avenir.
Leur dire que oui, il y a des contraintes mais leur montrer qu’il existe des solutions.
Lors de la 1re soirée de rencontre avec les titulaires d’une bourse en septembre dernier, j’ai pu avoir des échanges étonnants. Beaucoup de jeunes font leur alternance proche de Nantes, pour des raisons de maitrise des couts, or les entreprises de la filière sont partout en France. Il existe des entreprises, à l’instar de James, qui proposent des solutions pour accompagner les alternants sur leur organisation, il faut communiquer dessus.
Il nous faut contrer les certitudes et montrer que tout est possible ! Tout ceci n’est qu’un début !